Mattieu Bégin est le co-fondateur du studio Clever-Plays. Son studio existe depuis 2013 et continue de rencontrer du succès aujourd’hui.
À l’occasion de la sortie de la nouvelle mise à jour gratuite de Operation: Tango, Mattieu répond à nos questions !
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Voici l’entrevue:
Bonjour Mattieu ! Pourrais-tu s’il te plaît nous dire quelle est ta profession actuelle exactement ?
Je suis directeur créatif chez Clever Plays, le studio que j’ai cofondé. Mais étant donné notre toute petite taille, j’ai aussi plusieurs autres rôles, tels que producteur, concepteur de jeu, concepteur de niveau, écrivain, testeur, intégrateur, etc
Et est-ce que c’est ton premier job dans le jeu vidéo?
Non. J’ai commencé comme concepteur de jeux chez Ubisoft Montréal en 2008, où je suis resté 6 ans avant de fonder Clever Plays. Avant ça, j’avais co-fondé une autre compagnie, Paragon Publishing, pour créer des produits pdf compatibles avec Dungeons and Dragons v3.5.
Clever Plays a créé les jeux Leap of Fate, et Operation: Tango sorti récemment.
Quelles études as-tu effectuées ?
Un DESS en design de jeu à l’Université de Montréal.
Quel a été ton parcours pour travailler dans l’industrie du jeu vidéo?
À la base, je suis généticien et biologiste, avec un doctorat à l’interface de ces deux disciplines. J’ai travaillé comme chercheur pendant 8 ans dans le milieu académique. C’est alors que j’ai décidé de faire un changement de carrière vers le jeu vidéo et de retourner à l’école pour une formation spécialisée en jeux. Mais j’ai amené avec moi énormément de compétences acquises en science, telles la capacité de gérer un projet, des habiletés d’analyse, une capacité d’étudier des systèmes complexes, et beaucoup de la débrouillardise qui caractérise les chercheurs. Il faut dire aussi que depuis mon enfance, je design des jeux de cartes, de société ou de rôle pour jouer avec mes amis. J’avais donc déjà beaucoup de compétences et d’expérience de création de jeu en arrivant dans le domaine.
À quoi ressemble une journée type en tant que directeur créatif chez Clever-Plays?
Un directeur créatif se doit de considérer tous les éléments qui composent un jeu, c’est-à-dire son expérience utilisateur, ses graphiques, son code, sa musique, son marketing, etc. et de s’assurer de bien communiquer la direction aux gens qui travaillent sur ces aspects, dans le but de créer un tout cohérent qui saura remplir les objectifs. C’est une profession qui demande d’avoir une bonne vision d’ensemble, de savoir parler leur langage à chaque spécialiste, et de savoir inspirer confiance. Mes journées commencent toujours par un meeting d’équipe où chacun explique comment s’est passé le travail d’hier et ce sur quoi il/elle travaillera aujourd’hui. S’ensuivent alors d’autres meetings, souvent avec une seule personne à la fois, pour discuter de différents problèmes à régler, décisions à prendre ou validation à faire. En après midi, j’ai alors du temps pour faire mes propres tâches et mettre mes différents chapeaux, peut-être concevoir une nouvelle feature de gameplay, ou écrire des lignes de dialogue, ou préparer la page Steam du jeu.
Quels sont les points que tu apprécies le plus en travaillant dans l’industrie?
C’est une industrie qui repose sur la passion des gens, autant les consommateurs que les dévelopeurs. C’est très stimulant et très créatif. Un jeu vidéo est en fait une expérience qu’on fait vivre à un joueur, et on travaille donc à faire vivre des rêves aux gens. Dans l’industrie indie de Montréal, un autre point positif est l’esprit d’entraide et de camaraderie qui existe entre les petits studios, on a l’impression d’appartenir à une grande famille.
Quels sont les points négatifs lorsqu’on travaille dans l’industrie?
En tant que directeur et co-fondateur d’un studio, il y a beaucoup de stress. Les jeux ont souvent des dates de sortie à respecter et c’est très facile de passer plus de temps et d’argent qu’on aimerait sur le développement d’un jeu, dans le but de le rendre meilleur. Les jeux sont aussi parfois moins fun qu’on le voudrait, ou sont buggés, et il faut donc trouver des solutions rapidement sous peine de mettre sur le marché un produit non-compétitif.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants qui souhaitent intégrer l’industrie?
Suivre un programme de formation n’est pas suffisant. Il faut se passionner pour son domaine et faire des projets personnels. Je vois trop souvent des étudiants d’un programme qui n’ont comme seul portfolio que le travail d’équipe fait durant ce programme. Il faut non seulement savoir se mettre en valeur face aux autres juniors qui tentent d’intégrer l’industrie, mais aussi il faut pratiquer pratiquer pratiquer. On ne devient pas artiste / programmeur / concepteur/etc du jour au lendemain en ne faisant que le minimum requis.
Quels conseils donnerais-tu aux parents qui souhaitent que leurs enfants jouent avec modération?
Étant un parent, j’ai en effet dû apprendre à affronter ce problème. Ma règle numéro 1 pour les enfants: éviter les jeux free to play à monétisation. Ces jeux se basent normalement sur une boucle de jeu qui incite à re-jouer régulièrement, souvent plus d’une fois par jour, pour obtenir des récompenses, ce qui rend l’enfant accro et crée beaucoup de frustration si on l’empêche d’y revenir. Ça vaut la peine de plutôt dépenser de l’argent pour acheter des jeux à structure traditionnelle qui ne créent pas cette dépendance. Également, mieux vaut choisir des jeux qui ont une boucle de jeu de courte durée, parce que c’est plus facile de sortir l’enfant quand on juge qu’il a assez joué, plutôt que de l’interrompre en plein milieu d’une longue session, ce qui a tendance à causer de la mauvaise humeur. Au final, il faut s’impliquer, savoir à quoi son enfant joue, et le guider vers des expériences qui facilitent la gestion de son temps de jeu vs les autres aspects de sa vie.
As tu d’autres conseils pour les parents qui ne s’y connaissent pas en jeu vidéo?
Il n’y a pas de secret, il faut s’y intéresser pour comprendre à quoi vos enfants jouent. Par exemple, certains jeux peuvent induire un fort niveau de stress ou de compétitivité. Si l’enfant est sensible à ce genre de chose ou s’il y joue avant l’heure du sommeil, ce sera néfaste. On peut agencer des jeux particuliers à certains moments de la journée / semaine. S’ils sont bien encadrés, les enfants pourront bénéficier des bons aspects des jeux, comme la sociabilité, l’apprentissage de la langue et des maths, la coordination, les réflexes, la familiarisation à la technologie, etc. Et c’est important d’expliquer tout ça à l’enfant aussi, pour qu’il comprenne ce qui est bon et ce qui ne l’est pas dans les jeux vidéo, ce qui pourra l’aider étant ado à faire de meilleurs choix.
À quoi joues-tu en ce moment? Et est-ce que tu recommandes les titres en questions?
Je viens de terminer de jouer à Hades récemment, un magnifique roguelite qui hausse la barre en terme de polish pour un jeu non-AAA. Et suite à avoir lu le livre sur son développement, j’ai ressorti le bon vieux Spelunky auquel je n’avais pas joué depuis plusieurs années. Un classique brutalement difficile mais tellement impressionnant dans son design émergent.
Aurais tu des jeux à recommander pour les enfants ? et pour les adolescents?
Avec mon fils, on a joué à Monster Hunter Stories 2. C’est un bon jeu peu violent pour les 10+ ans qui travaille la mémoire (les combats sont basés sur mémoriser les patterns d’attaque des nombreux monstres) et qui offre une belle aventure dans le style animation japonaise. Sinon, Minecraft est un choix évident.
Mattieu , sur quels réseaux sociaux peut on te retrouver? As tu des créations, des sites à promouvoir?
Nous avons lancé récemment le jeu Operation: Tango, un jeu coopératif d’espionnage qui se joue à deux. Parfait pour un parent avec son ado, ou un gamer avec son/sa partenaire.
Vous pouvez suivre Clever Plays sur notre compte Twitter.