Pionnier de l’industrie canadienne en divertissement interactif et entrepreneur aguerri, (à gauche sur la photo principale) est conseiller principal Industries Créatives au CEIM depuis 2015. Pierre a développé, en plus de trente ans en affaires, une expertise enviable en jeux vidéo.
Il a été vice-président de Megatoon (Behavior), président-fondateur des Studios ArtMedia et producteur chez Ubisoft. Il a été, pendant neuf ans, vice-président stratégie corporative de Frima, devenu le plus imposant studio indépendant au Canada. Pierre Moisan a développé un important réseau de contacts d’affaires à travers le monde. Il organise depuis plusieurs années déjà des missions à l’international (Amérique du Nord, Europe, Asie …) et a donné des conférences en Égypte, au Panama, en France, en Belgique et aux États-Unis.
Tout juste revenu de son voyage annuel à la Gamescom à Cologne, Pierre nous fait l’honneur de partager ses impressions ci-dessous:
Devcom & Gamescom : les deux font la paire!
Au cours des dix dernières années, j’ai eu la chance de pouvoir organiser plusieurs missions de prospection à l’étranger pour les studios indépendants du Canada en collaboration avec Affaires Mondiales : Tokyo Game Show, Paris Game Week, GDC, Busan Indie Connect, j’en ai fait le tour et plus d’une fois. Parmi ces « trade shows », l’immense Gamescom s’est toujours avéré un incontournable avec ses volets B2B et B2C, et la participation massive des joueurs clés de l’industrie et du grand public. Les studios connaissent moins bien Devcom, une conférence qui a grandi à l’ombre de la grand-messe et qui a lieu quelques jours avant.
Je suis arrivé à Cologne le 17 août. Vers l’Europe, on part le soir de Montréal et on arrive tôt le matin à destination. Le décalage horaire fait mal et il est toujours bon de prendre une journée off pour s’en remettre. Petit problème : les chambres d’hôtel ne nous accueillent pas avant 15h. Vu que c’est ma huitième visite à Cologne, je connais bien la ville et vais toujours roupiller dans un parc tranquille au bout de la Severinstrabe. Or partout l’herbe est mouillée car il pleut cette année… J’irai donc manger un shawarma et essayer de dormir assis dans le lobby du Lyskirchen en attendant que ma chambre soit prête.
Après une courte sieste commence le boulot. Suffit d’aller sur Facebook pour voir qui est déjà arrivé sur les terrasses du Heumarket, assis derrière d’immenses bocks de Kölsch, une bonne bière qui fait la fierté de Cologne. J’irai donc rejoindre un groupe de Suédois.
Devcom a eu lieu du 18 au 20 août au tout nouveau Confex de Koelnmesse à Cologne. Le Confex est flambant neuf et s’ajoute au déjà gigantesque centre des congrès. La première fois que j’ai assisté à Devcom, c’était en 2019. L’évènement ne payait guère de mine et donnait l’impression de ne s’adresser qu’à des juniors qui d’ailleurs n’étaient guère nombreux. Il a pris bien du galon depuis et je peux confirmer que l’événement est maintenant devenu un incontournable!
Cette année, plus de 5 000 participants.es ont assisté à Devcom, une hausse de 45% comparé à 2023, ce qui en fait la plus importante conférence de jeux vidéo d’Europe et la deuxième au monde après GDC. 350 conférenciers.ères y ont pris la parole. La conférence a attiré 1 660 entreprises provenant de 83 pays. Parmi elles, 10% avaient plus de 2 000 employé.es et 27% comptaient entre 100 et 2 000 employés.es.
Les sujets traités étaient fort diversifiés passant de « Demystifying Creativity » à « Code Power-Ups : 10 Game-Changing Programming Hacks » ou à « You Must Self-Publish : The Future of Indie Funding », cette dernière donnée par notre ami Jason Della Rocca.
Au-delà des conférences, c’est l’aspect réseautage qui apparaît déterminant bien qu’il soit méconnu vu d’ici. Devcom débute toujours par le fameux « Speaker & VIP Networking Dinner » qui a eu lieu cette année à l’édifice historique Walkenburg. Cet événement s’avère l’un des plus enrichissants de toute notre industrie pour faire du réseautage auprès des principaux publishers et investisseurs. Pour devenir VIP, il en coûte 1 300 Euros. C’est cher mais ça vaut le coût. C’est lors de cette soirée que sont révélés les récipiendaires des Indie Awards. Mon truc? Je me tiens en haut des escaliers et accueille au fur et à mesure de leur apparition les amis.es de longue date et les nouvelles connaissances.
Autre volet intéressant de Devcom, le « Speaker Survey » permet de dégager des tendances et points de vue stratégique sur l’état de notre industrie. Ainsi parmi les 100 personnes ayant répondu au questionnaire, 57% croient que les mises à pied vont se poursuivre au même rythme voir même s’accélérer au cours de l’année qui vient. Au niveau des principaux défis se posant à notre industrie, 55% désignent la saturation du marché alors que 46% évoquent les coûts de développement de plus en plus élevés.
On dirait bien qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Les turbulences post-COVID ne sont pas terminées loin de là. D’ailleurs, j’ai pu remarquer lors de mes nombreuses rencontres d’affaires que les publishers investissent beaucoup moins d’argent par projet et en supportent beaucoup moins qu’auparavant. Alors que 12 000 titres sont sortis sur Steam l’an dernier, on comprendra que la compétition est de plus en plus féroce.
Un peu d’espoir? 335 000 personnes ont assisté à l’expo Gamescom cette année, un record. Le grand public aime les jeux vidéo et veut continuer à s’en procurer.
Voilà pourquoi, en attendant des jours meilleurs, il faut continuer de réseauter et de faire connaître nos entreprises et nos projets.
À cet égard, Devcom a vraiment pris son envol. J’ai pu y faire de rencontres hyper pertinentes parmi le who’s who de l’industrie tout an assistant à des conférences très enrichissantes. Je vous recommande de l’ajouter à votre agenda lors de votre prochaine visite à Köln!
Crédits photos et textes : Pierre Moisan