La Grèce antique est un lieu de rêve pour un Assassin’s Creed, au point qu’on se demande pourquoi ils ne l’ont pas fait avant. Lorsqu’on prend du recul et que l’on constate toutes les améliorations auxquelles la série a eu droit depuis les cinq derniers jeux, on se rassure en se disant que cet univers n’a pas été gaspillé plus tôt. On a droit à la version définitive de ce que pouvait être un RPG open-world abouti, dans cette époque rarement visitée dans le médium.
RPG? Ai-je bien dit RPG? On se demande ce qui s’est passé depuis Assassin’s Creed Origins pour qu’Ubisoft considère cette série comme un jeu de rôle, alors qu’on l’a toujours décrite comme un action-aventure avec de l’infiltration. Ce qui est encore plus étonnant avec cette appellation, c’est que les différences entre Origins et Odyssey ne sont pas énormes. D’ailleurs, je m’excuse d’avance pour mentionner 3000 fois Origins dans ce test, mais je ne peux m’en empêcher tellement les systèmes de jeux sont semblables.
Et c’est une bonne chose à vrai dire, puisque si le dernier jeu faisait quelques pas en avant pour se rapprocher de The Witcher, Odyssey complète le chemin. On note la présence de dialogues à choix multiples (pour la première fois dans la série), qui ont des conséquences parfois graves, qui vous mèneront à l’une des neuf fins. Ça alourdit un peu les dialogues, donc ça ne m’a pas enchanté plus qu’il faut, mais je sais que les gens aiment avoir l’impression d’influencer le scénario (voir ma trilogie d’article «Comment ne pas écrire des histoires»). Côté scénario justement, ce n’est seulement qu’à la dixième heure de jeu que j’étais en mesure de vous la résumer, tellement ça met du temps à démarrer…
Un scénario à grand déploiement
Alors voilà : vous incarnez Alexios ou Kassandra, selon un choix en début de jeu, qui sont des descendants de Leonidas. Vous savez, le gars qui gueule «This is Sparta!!» dans le film 300? La séquence d’intro est justement la fameuse bataille des Spartiates, dans laquelle on voit la lance de Leonidas en action. C’est pour cette arme légendaire (voire épique) que les personnages dans le présent se connectent à l’Animus et décident d’explorer la Grèce Antique.
Dans tous les cas, je regrette amèrement de ne pas avoir choisi Kassandra comme personnage jouable, car Alexios n’est pas génial comme protagoniste. C’est l’anti héros un peu trop sympathique qui lance de petites blagues, comme Ezio, Kenway, Star Lord, Han Solo ou n’importe quel autre personnage dans les médias ces temps-ci. Pas assez badass pour un assassin, et trop comique pour être un tueur. Son doublage français n’est pas extraordinaire non plus, mais bon, on finit quand même par l’accepter (pas vraiment le choix, n’est-ce pas?).
Le jeu est divisé en trois lignées de quête :
1 – Alexios ou Kassandra qui tente de retrouver sa famille. Pleine de rebondissements, c’est elle qui vous fait traverser la carte à la recherche de réponses. On y rencontre des personnages historiques, on nous dirige volontairement vers des lieux historiques, question de nous offrir un beau petit tour guidé de la Grèce.
2- Le culte du Kosmos à démanteler : du Assassin’s Creed classique comme on l’aime. Une arborescence de vilains à démasquer en trouvant des indices, pour ensuite partir à la chasse. Ils ne sont pas tous cachés dans des forts, c’est donc génial de les trouver et de formuler une stratégie pour les éliminer le plus facilement possible. C’est un des aspects les plus amusants (et unique) du jeu.
3- La recherche d’artefact de la première civilisation. Alors là, je suis ravi. Je sais que je suis le seul, mais je suis excessivement excité. L’élément principal qui m’avait fait accrocher à la série à l’époque, c’était les bouts de vidéos du sujet 16 qui nous présente le concept de la première civilisation, les Isus. Soudainement l’univers d’Assassin’s Creed devenait riche et mystérieux, et je voulais savoir de quoi il s’agissait. Depuis, on nous donne des réponses au compte-goutte, mais je crois que cette fois, ça y est. Et quoi de mieux que la Grèce antique pour nous faire explorer une civilisation disparue? En 2019 un DLC nous plongera au coeur de l’Atlantide!
Une longue épopée
Au moment de l’écriture de cette critique, il est impossible pour moi de vous dire si la fin du jeu est satisfaisante, puisque je n’ai pas encore terminé Assassin’s Creed Odyssey. Sa durée en est la raison. Elle est un bémol majeur pour certains joueurs, et un énorme point positif pour d’autres.
Généralement, les autres jeux de la série avaient une durée moyenne de 15 à 20 heures, pour ceux qui se concentrent principalement sur les quêtes principales. Ç’a été chamboulé avec Origins, qui était beaucoup plus long qu’à l’habitude. Pas nécessairement parce qu’il contenait plus de missions (même si ça semble être le cas), mais surtout parce que chaque mission et région de la carte vous indique le niveau recommandé pour y participer. Odyssey est structuré exactement de la même façon, et dans les deux cas, je me retrouvais à être constamment obligé de compléter la majorité des quêtes secondaires pour pouvoir progresser. Il est donc impossible de se concentrer sur l’histoire uniquement, et même si le site «how long to beat» nous dit qu’il est possible de terminer Origins en 27 heures, j’étais encore loin de la fin après plus de 80 quêtes et 35 heures de jeux.
Pour un joueur patient qui cherche une expérience riche pour combler ses semaines de temps libre, c’est tout à fait génial. Les quêtes secondaires se font petit à petit et le suspense du scénario principal garde notre intérêt pendant des dizaines d’heures.
J’avoue à l’inverse être un joueur plutôt impatient, qui aime bien quand les choses avancent rapidement, et qui se lasse bien souvent après 25 – 30 heures de jeu. Je n’en faisais pas de cas dans Origins puisqu’il était lui aussi un produit solide, prenant, magnifique et bien construit. La différence, c’est que Odyssey nous arrive un an seulement après le 50 heures d’Origins, et je n’ai pas l’impression d’avoir eu le temps de reprendre mon souffle.
Ça n’enlève rien à la qualité générale, mais je doute que le grand public (moi y compris) soit prêt pour d’aussi gros jeux chaque automne. Une petite pause l’an prochain serait grandement appréciée, surtout que Odyssey sera supporté pendant les prochains mois avec du contenu additionnel.
Les nouveautés de l’année, en vrac
Mercenaires
Inspiré par le système de némésis présent dans Shadow of Mordor, Alexios et Kassandra devront gravir les échelons en éliminant une lignée de généraux. C’est l’évolution de Phylakes de Origins : ces redoutables chasseurs de prime qui rôdaient sur la carte, prêts à vous attaquer à tout moment. C’est lorsqu’on les croise que leur identité est dévoilée, mais aussi leur niveau. L’un de ceux que j’ai croisés lorsque j’étais au level 10 avait tout de même un bon quarante niveaux de plus… Disons que je me suis tapé un petit sprint, c’est bon pour la forme y paraît.
Détail important : si vous n’êtes pas assez discret lors de l’infiltration d’un fort, les gardes appelleront des renforts, y compris l’un de ces mercenaires. Ça change tout, un peu comme les animaux dans Far Cry, qui vous obligent à repenser la situation.
Jauge de police à la GTA
Plus vous volez ou causez d’ennui, plus la récompense sera élevée pour le mercenaire qui ramènera votre tête. Vous pouvez payer vos dettes pour éliminer cette mise à prix, mais sinon, comme dans GTA, plus d’ennemis viendront vous attaquer lors de vos balades seul en forêt. Restez sur vos gardes.
Romance
Eh oui! Qui dit RPG aux dialogues multiples, dit romance! Comme dans Dragon Age ou The Witcher, il est possible de courtiser des NPC et finir dans leur lit un fondu noir. Ça n’apporte rien en particulier (puisque l’énergie se régénère de toute façon), mais c’est rigolo.
Mode exploration
Pour ceux qui trouvent que ce jeu n’est pas assez long, vous pouvez éliminer l’icône d’objectif sur la carte avec le mode exploration. Au lieu de savoir exactement où se trouve votre prochaine quête, vous pouvez vous fier aux personnages qui vous donne des indices comme : «C’est proche d’une montagne ou d’un cours d’eau, je ne sais plus». J’ai vite réalisé que ce ne mode n’était pas pour moi, j’étais donc soulagé de voir qu’on peut l’activer ou le désactiver à tout moment. Mon problème avec ce mode, c’est surtout qu’on ne peut pas réellement explorer dans Odyssey. Lorsque les deux régions qui encerclent celle où vous vous trouvez demandent 10 à 20 niveaux de plus, vous n’aurez pas d’autres choix que de consulter la carte régulièrement.
Un des meilleurs Assassins’s Creed
Tout comme Origins, Odyssey fait partie des Assassin’s Creed essentiels, la série à son meilleur. Plus moderne, plus massif et avec un univers fichtrement fascinant, c’est l’un des titres à ne pas manquer. Quelques nouveautés sont tout à fait géniales (les mercenaires), d’autres un peu lourdes (choix de dialogues, exploration), mais j’apprécie énormément l’effort qu’Ubisoft mets dans ses jeux pour qu’ils se renouvellent constamment.
Je recommanderais tout de même Origins avant tout pour son scénario et son univers, mais Odyssey vient en bon deuxième. La quantité de contenu est incroyable et la Grèce antique est un régal à savourer des yeux.
Les plus
- Quêtes annexes répétitives, mais amusantes
- Carte gigantesque et émerveillante par moment
- D’une durée colossale qui occupera les joueurs investis…
Les moins
- …mais qui découragera peut-être les moins patients
- Les dialogues sont souvent très ordinaires
- Quand même très semblable à Assassin’s Creed Origins