Nous sommes gâtés en tant que gamers à notre époque. Quelle que soit notre plateforme de prédilection, nous avons accès à des milliers de jeux vidéo. Au Québec, il y a 231 studios actuellement dédiés à notre industrie préférée. Attirant des milliers de travailleurs passionnés du monde entier, chaque studio tente de se démarquer de la concurrence pour attirer les meilleurs talents. C’est dans ce contexte que Gameloft Montréal nous a convié pour visiter son studio et nous a expliqué comment il tirait son épingle… du jeu. Nous avons pu poser de très nombreuses questions notamment à Matthieu Dupont, le directeur du studio, et nous le remercions pour sa patience et sa bienveillance.
Gameloft, l’entreprise
Installé depuis une vingtaine d’années à Montréal et depuis environ 5 ans dans les locaux proches de la station Parc, le studio propose à ses 450 employés de grands espaces de travail où chacun peut effectuer ses tâches dans le calme et circuler sans déranger les collègues.
En effet, la société Gameloft est un vétéran de l’industrie, d’abord fondée par les frères Guillemot en 1999 en France et ensuite rachetée par Vivendi en 2016. Elle est composée de 19 studios situés aux quatre coins du monde.
Les jeux Gameloft
Cependant, chacun des studios est responsable de ses productions. Ainsi, un jeu est entièrement développé à Montréal, par exemple. Pas de modes supplémentaires développés ailleurs. Cela présente des avantages comme le fait que toute l’équipe soit sur place, si on a besoin de renseignements, il suffit de demander à son collègue à côté au lieu de passer par une messagerie instantanée et espérer que le collègue en Europe ou en Asie voit le message avec le décalage horaire. Le jeu aura également un même niveau de qualité dans l’ensemble et la direction conceptuelle et artistique reste fidèle à la vision de l’équipe.
Gameloft réalise principalement des jeux pour téléphones portables. Si Modern Combat Blackout est apparu sur Nintendo Switch et Asphalt 9 y apparaîtra vers la fin de l’année, les fans de l’entreprise se trouvent surtout sur les appareils iOS et Android. En effet, les fans ont grandi avec la société et ont suivi leurs productions au fur et à mesure des années.
C’est donc une grande expérience que Gameloft possède pour ces plateformes et cela en fait un des leaders mondiaux sur mobile.
Leurs franchises les plus renommées sont Gangstar, Dungeon Hunter, Modern Combat et Asphalt notamment.
Alors oui, je vous vois venir, chers amis hardcore-gamers: “Oui mais c’est du free-to-play, il y a donc toutes les mécaniques de frustration et de rétention”.
Matthieu Dupont nous confirme que Gameloft est conscient des jeux qui abusent de ce genre de mécaniques sur les différents magasins virtuels et le studio met beaucoup d’efforts pour produire des titres de qualité réalisés en environ un ou deux ans.
C’est tout un travail constant d’équilibre entre produire du contenu intéressant pour les joueurs qui puissent les divertir de nombreuses heures et pouvoir rémunérer les développeurs. Le jeu donne accès à beaucoup de contenu gratuitement, ensuite cela fait plaisir au joueur d’acheter le costume ou le personnage qui nous fait envie ensuite, comme dans nos MOBA, FPS ou jeux de combat … sur consoles ou ordinateurs.
Ils essayent également de supporter les manettes pour téléphone (Bluetooth, USB) quand le jeu est adapté, mais, selon leurs statistiques, très peu de monde joue avec manette sur mobile.
Gameloft as a service
La grande majorité des productions Gameloft sont entretenues pendant des années après le lancement initial. De nombreux Games as a service donc, qui obtiennent du contenu supplémentaire au fur et à mesure: quêtes, personnages, modes de jeux, événements. Les productions nécessitent environ 35 personnes à temps plein avant le lancement, et puis ensuite une partie de l’équipe reste sur le projet pour continuer à produire du contenu.
Le fait que les équipes travaillent principalement sur du Game as a service au lieu de se concentrer sur une date fatidique de lancement permet de minimiser les périodes de crunch.
Pour rappel, le crunch, ce sont des périodes où les employés travaillent en plus des 40 heures par semaine de leur contrat de travail, dans le but de finir une caractéristique, ou résoudre les bogues d’un jeu.
Ces derniers mois, de nombreux articles dans la presse sont apparus dénonçant les abus dans ce domaine dans l’industrie vidéoludique.
A Gameloft, le crunch peut arriver, mais celui-ci est compensé et n’est absolument pas la norme, ni encore obligatoire.
La direction tient à ce que les employés aient des horaires correctes et un bon équilibre vie de famille et travail. En effet, cela ne sert à rien de fatiguer des employés dont on a besoin sur les années à venir, ce n’est pas une bonne stratégie de gestion, surtout que les jeux nécessitent du contenu après le lancement. Il est donc possible de faire un soft launch, puis d’ajouter du contenu par la suite avec les jeux free-to-play mobiles.
Ensuite, les équipes sont maîtresses de leur temps et ont un impact plus important sur la conceptualisation sonore, visuelle, ainsi que la jouabilité du produit final. Il n’y a pas de vision top-down chez Gameloft, chaque équipe fait ses propres choix sur le titre qu’elles produisent et le directeur ne fait que donner un feedback optionnel. Il y a plus de liberté et moins de commandes venant des gestionnaires et actionnaires. De plus, les équipes sont petites, donc cela permet à chacun d’avoir un impact sur le jeu final. La communication entre les différentes équipes est d’ailleurs favorisée et, plusieurs fois durant la semaine, celles-ci se réunissent entre elles pour discuter de leurs jeux. Il est donc possible, en tant qu’employé chez Gameloft, d’aider sur le design de plusieurs jeux et ainsi de participer à une production itérative en équipe.
On l’a dit, des centaines de jeux sortent chaque jour sur les magasins virtuels. Pour se démarquer, Gameloft a quelques outils :
- Ses franchises renommées
- Les jeux avec des licences connues : Disney®, Universal, Illumination Entertainment, Marvel®, Hasbro®, Fox Digital Entertainment, Mattel® ou encore Ferrari
- Le fait que les jeux soient gratuits à jouer.
- Des partenariats avec Apple et Google en tant que studio vétéran et réputé.
- Des partenariats avec des développeurs japonais : SEGA, SNK…
- Des jeux soignés et de qualité. Les consommateurs doivent pouvoir avoir confiance en l’entreprise.
- Proposer des jeux qui attireront différents publics.
Si de nombreux jeux de Gameloft sont disponibles sur les Stores, 6 nouveaux sont actuellement en production, en plus de ceux déjà sortis et entretenus.
La vie au studio
Fait rare dans l’industrie, Gameloft Montréal a la particularité d’avoir son propre département sound design et son département localisation. Cela permet d’être plus réactif et de créer des banques de sons élaborées pour tous les studios Gameloft dans le monde.
Le département de conception sonore possède tous les équipements audio nécessaires pour capturer le son évidemment, mais aussi un bon nombre d’accessoires pour produire des sons de coups de poing, de marche dans des feuillages, de coups d’épée… En bref, tout ce qu’il faut pour donner un impact aux actions dans le jeu et un feedback au joueur.
Pour rappel, la localisation consiste en une traduction adaptée à la culture de la langue. Par exemple, traduire un jeu japonais avec des références à une émission TV japonaise, directement en français, cela ne fait pas de sens. Au lieu de cela, le traducteur va essayer de trouver un équivalent dans la culture francophone.
24 concepteurs de sons et 50 traducteurs sont actuellement employés dans le studio de Montréal.
70 personnes sont dédiées à l’infrastructure en ligne des jeux; les développeurs qui lancent leurs jeux en ligne ne sont pas démunis sur ce sujet, une équipe bien rodée et dédiée prend en charge ces tâches. Allocation des serveurs en fonction de la fréquentation des jeux, vérification du bon fonctionnement, tout y passe.
Les horaires sont assez flexibles, il faut juste se synchroniser avec son équipe pour les horaires de réunion, par exemple. Gameloft emploie autant des hommes, femmes, personnes non-genrées, de backgrounds divers et externes autant que des gens locaux, des seniors autant que des juniors. Cette inclusivité au studio permet d’avoir des idées plus larges et une expertise plus diversifiée. “Après tout, il faut commencer en tant que junior, pour devenir un senior”, nous affirme Matthieu Dupont. Environ un tiers des employés engagés sont des références d’autres employés.
En plus des centaines de stations de travail, les employés ont à leur disposition une cuisine, des salles de repos, des salles de jeux avec billard, baby-foot et les 3 consoles du moment. Naturellement, un Smash Bros Ultimate est présent, il semble que ce soit un requis dans les entreprises de jeux. Une terrasse est également mise à disposition pour les beaux jours. Les employés peuvent profiter de leurs pauses loin de leurs bureaux.
Si un tel studio semble vous plaire pour y travailler, n’hésitez pas à jeter un oeil à leurs offres d’emploi. Ils sont ravis d’accueillir de nouveaux talents.
Si vous êtes curieux à propos de leurs productions, je vous encourage vivement à les tester. Il suffit de taper “Gameloft” sur l’Apple Store ou le Google Play Store pour les trouver. Peut être trouverez-vous votre nouveau jeu préféré.
Merci encore à Gameloft de nous avoir ouvert ses portes.