Nous allons aborder un sujet qui commence de plus en plus à être étudié dans la littérature scientifique de plusieurs domaines d’étude : le lien entre les jeux vidéo et le développement du cerveau. Ainsi, les jeux vidéo peuvent-ils vraiment aider dans le développement d’habiletés et de compétences personnelles et interpersonnelles?
Découvrons les jeux et le développement
Afin de bien répondre à cette question, nous allons d’abord bien comprendre ce qu’est « le jeu vidéo » et comment fonctionne le développement du cerveau.
Il s’agit bien sûr d’un survol de ces termes, car il nous faudrait un article de plus 100 pages pour bien définir ces concepts en détail. Je vous invite à lire des articles scientifiques, mémoires et thèses sur ces sujets pour en apprendre davantage.
C’est quoi un jeu vidéo?
Un jeu vidéo peut être définit comme un système informatique dans lequel les joueurs s’engagent dans un contexte artificiel et ludique, composé d’images animées formant une trame narrative, au moyen d’interfaces et défini par des règles qui aboutissent à un résultat quantifiable (Salen et Zimmerman, 2004; Juul, 2011). Le modèle classique du jeu selon Juul (2011) est composé de six caractéristiques nécessaires et suffisantes pour qu’un système soit considéré comme un jeu vidéo.
1. Un jeu est un système formel fondé sur des règles,
2. ayant des variables et des résultats quantifiables,
3. où l’on assigne différentes valeurs aux différents résultats,
4. où le joueur exerce un effort pour influencer les résultats,
5. où le joueur est émotionnellement impacté par ces résultats et,
6. où les conséquences de cette activité sont optionnelles et négociables.
Genres de jeux vidéo
On observe ainsi une définition qui englobe un système ludique encadré de règles, dans lequel le ou les joueurs sont émotionnellement investis et engagés dans l’évolution du jeu. De nos jours, il existe une multitude de genres de jeux vidéo, voici quelques exemples :
• Les jeux de combat : les joueurs incarnent des personnages en situation de duel, dans une structure spatio-temporelle fixe et défini, ex : Street Fighter, Soul Calibur, Mortal Combat, Marvel vs Capcom…
• Les jeux de plate-forme : les joueurs contrôlent un personnage qui évolue dans un univers virtuel, généralement linéaire, aux choix d’actions réduits, en deux ou trois dimensions, exemple : Mario Bros, Donkey Kong, Prince of Persia…
• Les jeux de stratégie et de gestion : le joueur a la responsabilité de gérer une population virtuelle, de construire une ville ou de gérer les ressources d’une ville ou d’une civilisation, exemple : Age of Empires, Simcity, Frozenheim, Stardey Valley…
• Les jeux de rôle et d’aventure : les joueurs incarnent un ou des personnages au fort potentiel dans une trame narrative non linéaire et évolutive, ainsi que des actions complexes, exemple : Dragon Quest, Dark Souls, Final Fantasy, The Legend of Zelda, Assasin’s Creed Valhalla…
• Les jeux de puzzle : le système de jeu consiste à résoudre des problèmes de logique visuo-spatiale, exemples : Tetris, The Room, Puzzle Bobble…
• Les jeux de course et de sport : le joueur est aux commandes d’un véhicule, d’un personnage ou d’une équipe de sport en temps réel, exemple : Need For Speed, Fifa, Kart Racing, Sega Rally Championship…
• Les First Person Shooter (FPS) : le système de jeu est en vision subjective, centré sur l’exploration et le combat généralement à l’arme à feu, exemples : Doom, Call of Duty, Battlefield, GoldenEye, Counter-Strike…
• Les Massively Multiplayer Online Role Player Game (MMORPG) : le joueur incarne un personnage qui progresse dans un monde virtuel d’inspiration fantastique, de science-fiction ou de super-héros d’aventures. Le joueur interagit avec l’environnement et les autres joueurs en communautés virtuelles, exemples : World of Warcraft, Ultima Online, Guild Wars, Dofus…
Le domaine des jeux vidéo est ainsi à la fois complexe et captivant dans les possibilités que ceux-ci peuvent avoir sur le développement du cerveau des jeunes et des adultes.
Comment fonctionne le cerveau?
Le cerveau est composé de plus de 86 milliards de cellules nerveuses appelées neurones. Ces neurones sont interconnectées entre elles et transmettent des informations sensorielles grâce aux synapses à leurs extrémités.
Par la suite, les neurotransmetteurs (molécules) permettent le transfert chimique des influx nerveux d’un neurone à l’autre. Les neurotransmetteurs permettent de favoriser la propagation de l’influx nerveux (excitateurs) ou la diminution de la probabilité de l’envoie d’un influx nerveux (inhibiteurs) à travers le cerveau.
Ces connexions et influx nerveux se propagent de neurones en neurones dans les deux hémisphères cérébraux et les 4 lobes du cerveau. L’on distingue alors le lobe frontal, le lobe pariétal et le lobe temporal, sans oublier notre fameux cervelet.
Les différentes parties du cerveau
1) Le lobe frontal est à l’avant de notre cerveau (front). Ce lobe module nos émotions, notre personnalité, mais est surtout responsable de notre organisation, notre planification et de notre mémoire de travail. Le lobe frontal est lui -même divisé en parties; la partie postérieure gère les mouvements volontaires et la partie gauche gère la transformation de nos pensées en mots.
2) Le lobe pariétal est au-dessus de notre cerveau (haut). Ce lobe est responsable de nos perceptions sensorielles. Les régions antérieures gèrent la compréhension du langage, notamment donner un sens à nos souvenirs et à notre langage parlé ou écrit.
3) Le lobe occipital est à l’arrière de notre cerveau (près du cou). Ce lobe est activé lors du décodage des informations visuelles, notamment la perception de la couleur, des formes et des mouvements. Le cortex visuel gère la reconnaissance et l’identification des images mémorisées.
4) Le lobe temporal est sur les côtés du cerveau (près des oreilles). Ce lobe est responsable de la distinction de l’intensité des tonalités des sons, la formation et la remémoration des souvenirs. La partie supérieure aide dans la compréhension du sens des mots. La partie droite gère la mémoire visuelle et la partie gauche la mémoire verbale.
5) Le Cervelet est une partie à l’intérieur du cerveau, près du lobe occipital. Cette partie gère l’information reçue des autres aires impliquées dans la coordination, la précision et la fluidité des mouvements.
Conclusion
Considérant les différentes parties du cerveau et leur importance dans nos actions quotidiennes, l’on comprend ainsi que les différents genres de jeux vidéo, abordés précédemment, peuvent impacter le développement et le fonctionnement de notre cerveau de plusieurs manières.
Le développement du cerveau pourrait également être nommé la plasticité neuronale; cette capacité du système nerveux à remodeler ses connexions et sa structure en fonction de l’environnement et de ses expériences vécues tout au long de notre vie (Mohamed et Gibb, 2010).
L’expérience de jouer à des jeux vidéo peut alors venir modifier la plasticité neuronale d’un joueur, notamment dans le développement d’habiletés cognitives et motrices, telles que la capacité attentionnelle, la rapidité d’exécution, la résolution de problèmes ou le fonctionnement psychomoteur.
Dans la seconde partie de cet article, nous allons explorer les résultats des différentes études scientifiques sur l’impact des différents genres de jeux vidéo sur la plasticité neuronale et le développement d’apprentissages cognitifs et psychomoteurs.
La seconde partie de l’article est disponible ici :
Jeux vidéo et développement du cerveau : comment est-ce possible?
Elsa Brais-Dussault, psychologue/ LudiPsy